Saviez-vous que les chattes comptent leurs petits ?
Il a été montré à diverses reprises que les chattes sont capables d’identifier chacun de ses chatons et de les compter pour s’assurer que la fratrie est bien réunie. Dans son ouvrage « Au Risque d’Aimer » Claude Béata raconte qu’il a expérimenté les capacités d’adoption d’une chatte. Une minette venait de mettre au monde 5 chatons dans sa clinique vétérinaire. Un chaton, du même âge que les siens, avait été trouvé dans une poubelle et amené à la clinique
Le chaton avait été placé dans une cage de transport à quelques mètres de la petite famille. Quand il se mit à crier, la chatte se redressa et commença à regarder ses chatons, l’un après l'autre, comme pour vérifier que tous étaient bien là. Elle réitéra le comptage en allant vers chacun d’eux à plusieurs reprises. Le chaton qui criait toujours non loin d’elle, l’intriguait. Au bout d’un moment, elle s’aventura à l’extérieur de sa propre cage pour aller voir d’où venaient les miaulements de détresse, et surtout qui les exprimait. Avec une grande prudence, elle alla voir l’orphelin qui hurlait toujours pour appeler sa propre mère. Arrivée à proximité du chaton, elle sentit son odeur qui ne lui évoqua rien et s’en retourna vers ses bébés. En présence de la chatte, l’orphelin s’était calmé. Mais dès qu’elle s’éloigna, les cris reprirent de plus belle. La chatte avait retrouvé ses 5 chatons, mais semblait perturbée par les cris de l’orphelin. Au bout d’un instant, elle quitta sa cage, s’approcha de l’orphelin, le lécha, l’attrapa par le cou et le ramena dans sa cage au milieu de ses 5 chatons.
Certaines chattes ne se contentent pas d’adopter des chatons abandonnés, certains sont aussi de fantastique mère pour des bébés d’autres espèces. Ainsi on a vu des chattes allaiter des chiots (des chihuahuas) ou encore des lapereaux. Ces anecdotes peuvent nous faire réfléchir sur les capacités d’empathie d’un animal, qui est souvent qualifié d’égoïste et de solitaire. La chatte dans l’exemple de Claude Béata, nous montre plusieurs choses : Son amour maternel ne se limite pas à sa propre progéniture. Elle sait que l’orphelin n’aura aucune chance si elle ne le prend pas sous son aile. Sans l’amour d’une mère ou d’un être protecteur, on ne peut ni s’épanouir, ni devenir.
LE PAPA-POULE.
Ce qui m’amène a traité de l’amour félin sous un autre angle. Les maman chats n’ont pas le monopole de l’éducation et de l’attachement auprès de chatons. Il arrive, plus souvent qu’on ne le croit, que des chats castrés développent des comportements de nounou à l’égard de chatons. Ils vont les toiletter, les éduquer et les protéger si besoin, comme le ferait une mère. En adoptant Suki et Harlem, je n’aurais pas espéré pourvoir être le témoin de cette démonstration d’affection réel. Suki, un chat mâle de 2 ans et Harlem un intrépide chaton de 2 mois sont entrés dans ma maison en même temps. Dès leur arrivée sous mon toit, Suki a pris Harlem sous sa protection et a manifesté à son égard beaucoup de patience, de prévenance et d’affection . Un an plus tard, les liens sont encore plus forts et un ne voit pas l’un sans l’autre. Suki accourt au secours d’Harlem dès qu’il suppose le moindre danger ou la moindre menace. Outre ce lien d’affection entre mes 2 matous, Suki m’a surprise en montrant qu’il accordait la même bienveillance à tous les chatons orphelins qui transitent chez moi. Parfois, il m’arrive même de trouver chez mon gros matou, des qualités exclusivement féminines, tant son dévouement est l’ordre maternel. « Je suis l’humain de mon chat » Depuis la nuit des temps, les chats sont décrits comme des êtres indépendants. S’il n’est pas à l’image du chien en matière de fidélité, d’obéissance et d’affection, il existe des relations entre un chat et son humain, qui relèvent de la magie. J’ai souvent entendu des histoires de personnes qui se sont retrouvé avec un chat dans leur jardin, sans l’avoir demandé. « Pauvre minou, fallait bien le nourrir. » et jour après jour, en jouant de charme, Minou a fini par annexer non plus le jardin, mais le salon et la cuisine pour finir par la chambre. A ces gens-là, j’aime demander « quelle sensation ça fait d’avoir été adopté par un chat ». Car c’est précisément ce qu’il se passe. A moins de vivre en appartement, sans possibilité de sortir ou d’entrer, le chat « libre » va au quotidien évaluer le liens établis et la qualité de la relation qui existent entre son humain et lui. Plus le lien sera fort, moins minou sera tenté d’aller voir ailleurs. Car votre chat vit dans un monde d’émotions où tout peut être remis en question. D’aussi loin que mes souvenirs me portent, j’ai eu des chats (et des chiens aussi). Il s’avère que j’ai pu entretenir des relations privilégiées avec chacun d’entre eux. Nous nous sommes reconnus et apprivoisés. J’ai pu construire des liens d’une qualité exceptionnelle, et chacun de mes chats a su faire une démonstration d’amour véritable à mon encontre. Aujourd’hui encore, je suis comblée avec Suki et Harlem, qui chacun à sa façon, me manifeste leur attachement au quotidien. Les personnes, qui ont des chats savent de quoi je parle. Et si jamais votre chat est toujours ce magnifique félin indépendant et lointain, pensez à renforcer les liens. Votre chat ne se lassera jamais de vous entendre lui dire que vous l’aimez… et si vous tendez l’oreille, vous l’entendrez ronronner son affection en retour.
Corine Gomez Comportementaliste